Qu'est-ce que tu voulais que je lui dise ? (Bénabar)
Bon, ce matin, j'avais pas trop le temps de faire l'article qui va avec cette chanson. Comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, le voici.
Outre que cette chanson est belle, touchante, outre qu'elle rompt avec la légèreté habituelle des textes de Bénabar, c'est la cruauté de notre société qu'elle reflète que je reçois chaque fois que je l'entends. Cruauté qui n'est pas forcément organisée, pas forcément nouvelle, cruauté qui ne sépare pas distinctement les bourreaux et les victimes, cruauté qui commence dès l'enfance et qui vient ébranler tout ce quoi nous croyons collectivement, l'égalité des hommes, les Lumières, "qu'on a gravé Fraternité sur le fronton de nos mairies"...
Alors, oui, que voulez que j'vous dise ? Qu'il n'y a rien à faire ? Que les chagrins d'amour, les licenciements, les inégalités sociales, le racisme, l'exclusion, la misère font partie du monde au même titre que l'amour, l'amitié, la fête, les réussites, les belles aventures, les belles histoires, les grandes épopées et les idées nobles ? Oui, bien sûr cela est vrai.
Oui la vie est cruelle et j'en veux pour témoignage le blog bouleversant que j'ai découvert par hasard aujourd'hui, le récit de la fin de vie d'un jeune homme de 28 ans et l'enchaînement tragique des événements qui nous est relaté, ô Dieu, avec pudeur !
Alors ne rien faire ? Je ne m'y résouds pas. Demain, une petite fille va naître et je veux qu'elle grandisse dans un monde plus juste que celui dans lequel nous l'aurons précédée. On peut agir, il y a les grandes décisions collectives comme celles que nous ferons en mai prochain. J'espère que le débat volera assez haut pour que les thèmes essentiels soient traités en profondeur : l'école, l'environnement, le travail, la santé, le logement, la lutte contre les discriminations et les exclusions... Mais on peut faire plus que le seul vote. Il y a nos petites décisions du quotidien. En tant que créateur de mon entreprise, j'espère pouvoir un jour recruter un(e) puis des salarié(e)(s). Se posera alors à moi très directement la question de la discrimination à l'embauche, de la rémunération juste du travail, du rôle formateur de l'entreprise s'il s'agira de jeunes consultants. En tant que prestataire des collectivités locales sur les questions touchant au développement de territoires, j'ai aussi une petite fenêtre pour essayer de faire bouger les choses. En tant que professionnel, je ne peux être militant. Mais en tant que professionnel, j'ai un devoir de contribuer à l'intérêt général et même, je suis payé pour le faire : quelle obligation cela me confère ! En tant que citoyen, je peux, le soir après le bureau, militer ici ou là.
Voilà, j'ai tout ça en tête. "Soulager la souffrance, produire de l'espérance." C'est de moi.