Sur les bords de la rivière piedra, je me suis assis et j'ai pleuré...

Publié le par Saint-Gilles

... Enfin, j'ai essayé.

J'avais décidé de pleurer, d'être triste, malheureux. Pourquoi ? Parce qu'il faut. Quand on a vécu ce que j'ai vécu, on est triste, détruit, ravagé, on se noie dans l'alcool, on veut brûler la vie par tous les bouts et tout ça... Et donc, on sort dans la nuit, on marche au hasard, on arrive au bord de la rivière Piedra, on s'assied et on pleure. C'est comme ça, si tu ne fais pas tout ça, alors les autres ne comprennent pas, ils pensent que tu crânes mais que tu morfles encore plus en-dedans. Ils sont gentils, les autres, ils ont vraiment de la peine et tout ce que que tu essayes pour les rassurer - sans même trop te forcer - ne sert à rien : tu dois aller sur les bords de la rivière Piedra, t'asseoir et chialer.

Alors, j'ai essayé de faire comme ça. Bad luck, je n'y suis pas arrivé... Parce qu'il faut être très malheureux pour pleurer, parce qu'il faut souffrir, d'une absence, d'un manque, d'une disparition. Pas d'une séparation sans doute bienfaitrice par consentement mutuel... Quels qu'en aient été les circonstances et les à-côtés... Je n'ai pas pu pleurer, parce personne n'était mort, parce qu'il y a des choses infiniment plus graves, parce que seules les romances US me tirent les larmes des yeux à tout coup et que la vie n'est pas une romance hollywoodienne, parce que, depuis que j'ai quitté l'Ile-de-France, ma conjonctivite me fout la paix (tiens ? comme les rhinites... y'aurait-y d'la pollution à Paris ?).

Finalement, je n'ai pas réussi à pleurer (ou alors y'a longtemps) (ou bien j'ai oublié) (ou y sentait pas bon...) (ah non : ça n'a rien à voir :)) ). Parce que, en fin de compte, je ne suis pas malheureux. J'ai pris les coups, je les ai encaissés, digérés et rangés au registre des choses de la vie. J'ai appris la solitude. J'ai reçu des preuves d'amour exceptionnelles, des témoignages auxquels je pense toujours avec émotion et reconnaissance. Deux familles m'ont confié leur enfant comme filleul(e). Partout, les portes et les bras se sont ouverts devant moi, on m'a accueilli, bichonné, on m'a beaucoup pardonné... J'ai de la chance.
J'ai un chouette boulot et qui marche bien.
Je vis dans une chouette ville et qui me plaît bien.
Des gens ont acheté mes livres, comment pourrais-je pleurer autrement que de joie ?
Et puis tu existes.
Et puis je suis jeune, j'ai la vie, l'envie et les projets devant moi !!!

Alors, je suis retourné sur les bords de la rivière Piedra, je me suis assis... et j'ai souri.
 

Publié dans Humeur

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T
Bon je sais, j'arrive toujours avec des plombes de retard, mais j'men fiche, mieux vaut tard que jamais... Juste pour dire que j'adore lire ce que tu as écrit là, que je t'aime et que je suis bien contente de savoir que TVB. Bisous!
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M
Merci, MOF.
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J
alors, l'Ariège?
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S
Chaud et lourd (et quand je dis lourd, c'était pas que climatique...). Le pire, c'est que j'y retourne demain !!!
J
C'est tout ou rien avec toi, ou tu écris des tonnes ou tu ne mets rien pendant une semaine...dommage que je sois trop vieille pour t'envoyer mon CV...MDR....mais ton appel est très touchant...et comme je vois que tout vas très très bien j'espère que tu en as reçu des tas...bisous...
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S
Eh non, pas un seul CV, rien ! va en plus falloir que je me bouge, dingue ça !!!Bon, c'est vrai que j'ai été absent ces derniers temps, mais le boulot me prend un temps dingue, on est en déplacement un jour sur deux et je vais devoir bosser ce week-end !!!Enfin, mieux vaut en avoir trop que pas assez... :)))
J
Très beau livre de P.C. le passage que je préfère c'est la description de sa vision de l'amour...j'ai dû d'ailleurs un jour de blues le mettre sur le blog. je crois que "le rire bleu" vient à pied il est expédié depuis quelques jours mais toujours pas dans la boite à lettres...mais je suis très patiente...plein de bisous.
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